Féministe , Afro féministe ou Materniste ? Gassira Tanaba avril 25, 2022
Féministe , Afro féministe ou Materniste ?

L’une des questions que l’on me pose le plus souvent est « qu’est-ce que le féminisme africain et en quoi est-il différent du féminisme occidental ». C’est une question pertinente qui met en évidence la clarté que les gens recherchent dans le processus de découverte de soi, ce qu’est devenir féministe. 

Mais la réponse que j’ai donnée au fil des ans – à savoir que le féminisme africain, vise à contester la domination patriarcale, mais qu’il résiste également à l’oppression fondée sur l’ethnicité, la classe, la tradition, la mondialisation et d’autres spécificités de l’Afrique, et qu’il est difficile à définir . 

Contrairement à l’idée répandue selon laquelle le féminisme n’existe pas en Afrique, l’histoire de l’émancipation et de la lutte des femmes africaines pour l’égalité a commencé dès l’époque précoloniale.

Des sociétés matriarcales ou matrilinéaires [dans lesquelles la transmission par héritage de la propriété, des noms de famille, et des titres relève du lignage de la mère] ont laissé des traces sur le continent avant la traite négrière et le colonialisme. Souvenons nous du pouvoir politique des reines de l’égypte Antique comme Kamara (Hatchepsout), Naforeyaat (Néfertiti) ou Kliopatra (Cléopâtre) , de la Nigériane Amina de Zaria, de la Mauritanienne Dihya, de la princesse burkinabée Yennenga, des célèbres reines guerrières africaines de l’époque, comme Yaa Asentewaa [de l’empire Ashanti, actuel Ghana], Ana Nzinga [des royaumes Ndongo et Matamba, actuel Angola], ou Sarraounia [reine de la communauté Azna, actuel Niger], sur les territoires qui correspondent aujourd’hui au Cameroun ou à la Sierra Leone, les femmes étaient chefs de leurs clans et villages. Elles ont dirigé les migrations zouloues [en Afrique du Sud] au XIXe siècle, et formé leurs propres escadrons dans l’armée du roi Chaka. Elles composaient aussi la garde rapprochée du roi du Dahomey [actuel Bénin]. Nous ne pouvons pas non plus nier que les femmes étaient autrefois, dans de nombreux villages africains, des autorités religieuses et des membres puissants et respectés de leurs communautés.

feminin sacre africain

 Féminismes africains – Précolonial – Années 2000 

 Féminisme africain précolonial – La plupart des féministes africaines, moi y compris, ont tendance à remonter jusqu’à l’Afrique précoloniale pour trouver les racines du féminisme sur le continent. Des femmes comme Hawa Taako, Adelaide Casely-Hayford, Charlotte Maxeke, Wambui Otieno, Lilian Ngoyi, Albertina Sisulu, Maragaret Ekpo et Funmilayo Anikulapo-Kuti, parmi beaucoup d’autres, étaient féministes parce qu’elles se battaient contre le colonialisme et le patriarcat. Mais bien qu’elles aient été féministes au sens du verbe « féministe », la première vague de féministes africaines autodéfinies – idéologiquement et politiquement – est apparue plus tard. 

Féminisme africain postcolonial – Les voici – à partir des années 1960. Il semble que ce soit l’époque où, largement inspirés par les féminismes noirs du monde, de petits groupes de femmes africaines commencent à s’appeler féministes. 

Le féminisme africain radical –

Je vais diviser le féminisme africain postcolonial en trois modes principaux dont le féminisme africain radical est le premier. N’oubliez pas que ces trois modes se chevauchent et que ce qui est radical dans une société peut ne pas l’être ailleurs. Par exemple, les féministes occidentales radicales de la 2e vague prônaient, entre autres, le lesbianisme politique pour remettre en question la structure familiale hétéronormative avec la cohabitation des femmes.  En Afrique, par contre, les femmes ont toujours vécu et vivent encore en couple, et il peut donc être plus radical de prôner la vie en solitaire pour contester le statu quo patriarcal.  À mon avis, ce qui marque particulièrement le féminisme africain radical est la « voix ». Des féministes africaines radicales comme Bessie Head, Awa Thiam, Ama Ata Aidoo, Nawal el Saadawi et Mariama Bâ ; des universitaires comme Amina Mama, Patricia MacFadden et Ayesha Imam ; des organisations comme AAWORD et Agenda ont toutes déraciné les normes sociales, peut-être avant tout en insérant leurs voix dans des domaines où les voix des femmes n’étaient traditionnellement pas autorisées. 

 Le féminisme africain afro centrique –

Le deuxième type de féminisme qui émerge dans l’Afrique post-indépendance est marqué par des discussions sur l’authenticité africaine . L’époque était marquée par des querelles sur le manque d’africanité et l’occidentalisation (comme c’est le cas aujourd’hui) et les féministes africaines ont bien sûr également débattu et été en désaccord sur les valeurs africaines et occidentales .  C’est la que le « Motherism » « Maternisme » ou comme j’aime à l’appeller le « FSA » émergent dans ce groupe comme des féminismes centrés sur les valeurs africaines, mais certains disent qu’ ils ne sont pas toujours totalement « progressistes  » aux yeux des jeunes d’aujourd’hui ; et qu’ il  y a des valeurs essentialistes et « homophobes »  dans cette pensée féministe africaine .

Le féminisme africain de base –

Le féminisme africain postcolonial de base et axé sur le développement est apparu en grande partie dans les années 1980 et 1990, notamment après l’historique décennie des Nations unies pour les femmes (1975-1985), qui a donné lieu à la création de nombreuses coalitions et au financement de l’activisme et de la recherche féministes sur le continent et dans la diaspora. Elle s’est concentrée sur les questions dites « de pain et de beurre » telles que la réduction de la pauvreté, la lutte contre les MGF et la prévention de la violence, mais aussi sur l’activisme intellectuel concernant ces questions. On peut dire que le protocole de Maputo est principalement le résultat de ce type de féminisme. 

Selon vous, quels autres types de féminisme africain existent aujourd’hui ? J’ai envisagé d’ajouter une catégorie « le féminin sacré AFricain  » car, comme je l’ai déjà écrit, La base du Féminin sacré AFricain  est que l’Homme et la Femme ne forment qu’un seul Être. Combattre l’un, reviens à s’autodétruire. Homme et femme, masculin et féminin, espérance et désespérance, bien-être et difficulté, monde visible et monde invisible, tous formant des paires d’éléments qui s’alternent, s’opposent, mais dépendent toujours les uns des autres. 

Quel est « mon » féminisme africain ?  Je suis une materniste et ça ne fait pas de moi une « homophobe » bel être stellaire. Ce terme est issu de l’anglais homophobia, néologisme apparu pour la première fois dans un article de la revue pornographique américaine Screw daté du 23 mai 1969 , dans lequel le mot désigne la peur qu’ont certains hommes hétérosexuels de passer pour homosexuels. Je ne connais pas la peur et je ne nourri pas cet egregore .

Je suis une materniste !!! 

Le nom générique que les Maasaï attribuent à la femme est : Enkitok, c’est-à-dire l’être le plus grand, le plus puissant, le plus précieux. Selon eux, elle incarne la Vie ; elle est la colonne vertébrale de la famille et donc de la société. Elle est la mère de tous les pères, de tous les enfants, de tout le monde. La femme est centrale. C’est aussi elle qui ordonne la tenue de l’importante cérémonie du nom ou encore elle qui allume le premier feu dans une maison. Elle n’en revendique toutefois pas une supériorité sur l’homme, bien au contraire. Elle se place avec joie dans la position d’être une partenaire complémentaire avec lui. Il ne lui viendrait jamais à l’idée de penser ni encore moins de déclarer : « j’ai été opprimée par l’homme, je dois désormais le dominer ! » ou encore « j’en fais plus que toi ! », autant de pièges pour blâmer quelqu’un d’autre, créer de l’inimitié et de la haine. Une telle dichotomie n’existe absolument pas dans leurs représentations. 

Est materniste toute personne, homme ou femme, engagée dans la survie de la Terre-Mère en tant qu’entité prônant l’amour, la tolérance, le service et la coopération mutuelle des sexes dans une logique de complémentarité. La personne materniste n’est donc pas sexiste.

Si tu veux en apprendre plus sur le feminin sacré africain (FSA) Inscris toi à la transmission du

Féminin sacré africain

 

Je n’existe pas sans vous et vous n’existez pas sans moi. Par conséquent, vous et moi existons à partir de la relation, nous existons à partir du « nous ». Je suis une autre toi! Ubuntu 

Écrire un commentaire
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués *.